Dans la série "Les joies de la Ligne P", évoquons ensemble les semaines dites "maudites". Ces semaines où les gens ordinaires prennent le train 30 minutes avant pour arriver malgré tout en retard :
Pour information, il ne s'agit pas d'un collage, mais bien d'une capture prise sur le compte Twitter officiel de la Ligne P ce matin à 8h37, ce qui met en lumière un incident par jour ces trois derniers jours.
Nous pourrions dire qu'un itinéraire de substitution est en place pour acheminer les personnes jusqu'à leur travail, et que nous n'aurons qu'un retard relatif. Énorme (estimé ce matin à 1h30), mais relatif.
Mais en fait, non, car le document à télécharger concernant les itinéraires alternatifs ne comporte aucune alternative vers Paris, à une heure de pointe où nous rejoignons massivement Paris pour pouvoir y travailler.
Nous avons là un aperçu des looongues capacité de réflexion et la très apparente compétence des politiques de gestion des transports publics.
À raison d'un incident par jour cette semaine, nous pouvons nous interroger sur les raisons d'un tel dysfonctionnement.
Il y a déjà l'augmentation de trafic qui n'a pas été anticipée par les pouvoirs publics, obligeant les trains à bouchonner aux alentours de Noisy-Le-Sec par manque de voies suffisantes. 15 à 30 minutes de retard lorsque le trafic est perturbé. En cas de panne 1 (comme hier matin), cela représente 30 à 45 minutes de retard en moyenne.
Il y a ensuite l'impossibilité d'envisager un itinéraire bis possible, provoquant à nouveau des interruptions et retards pouvant entraîner jusqu'à la suppression d'un train. La densité urbaine aux abords de Paris est probablement partiellement responsable de cet état de fait, puisque cela obligerait la construction de voies supplémentaires qu'il est parfois difficile de caser.
Enfin, les pannes de réveil, entraînant retards et/ou suppression, une gestion approximative du matériel et du personnel 2, les colis abandonnés et les "accidents de personnes" finissent de brosser le tableau d'une situation qui tend à détruire la vie personnelle et professionnelle de centaines d'usagers empruntant chaque jours les transports en commun.
Combien faudra-t il encore de drames, de retards, de licenciements pour cause de retards répétés involontaires 3, avant qu'enfin on ait accès à une qualité de service nous donnant d'autres envies que de prendre la voiture ?
Ce train n'arrivera jamais à Paris. Il est maintenant 9h50, la reprise du trafic progressive est estimée à 10h00, avec un trafic perturbé. Comme beaucoup, j'arriverai à Paris vers midi, si tout va bien.
La panne de réveil n'étant pas considérée comme une panne ↩
je vous renvoie à deux articles qui font état de la politique de gestion de pénurie volontaire imposée par la SNCF, la RATP et consor :
https://www.monde-diplomatique.fr/2014/11/THIBAULT/50938
https://www.lemonde.fr/economie/article/2015/07/04/sncf-les-failles-de-la-maintenance-reseau_4670186_3234.html ↩
j'entends déjà les bien-pensants rétorquer "vous n'avez qu'à partir plus tôt". À ceux-ci je répondrais "c'est déjà le cas" ↩