À la croisée des chemins : réflexions sur les élections d’avril prochain

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C’est avec une grande appréhension, une lassitude plus grande encore, et, malgré tout, une toute petit lueur d’espoir que j’aborde cette période électorale. Appréhension, parce que chaque candidat classé dans les favoris aux élections présidentielles me paraît pire et plus nauséabond que les précédents. Lassitude, parce que, depuis que je suis en âge de voter, chaque élection nous fait aller droit dans le mur et mon bulletin de vote n’a pas servi à grand chose jusqu’ici. À rien en fait.
Espoir, parce que je reste d’un naturel optimiste, ne me demandez pas pourquoi : la Terre est sur le point de se débarrasser de nous (pour son plus grand bien, je la comprends), les medias sont muselés par des milliardaires égocentriques, les réseaux sociaux sont remplis de gens aigris, Internet ne sera bientôt plus qu’un vaste supermarché bourré de publicités et de fakes news marketées par des cabinet de comm’ surpayés, où on ne pourra plus rien dire (de gauchiste), et je crois encore qu’on peut changer le monde (la France, ce serait déjà pas mal)… Cherchez l’erreur.

Je suis dans un état mental qui vire chaotiquement du « Cette fois-ci c’est la bonne » à un mélodramatique « Mais où est-ce qu’on a merdé ?! ». Entre les deux il y a du « Ça servira à rien de toute façon » blasé et un Deadpool qui fait un cœur avec les doigts. Que vient-il faire dans les élections ? Rien, il est là pour m’éviter les anti-dépresseurs.
Toutes ces réflexions contradictoires me poussent à la fois à vouloir me déconnecter avant de perdre tous mes fusibles, et de suivre quand même avec avidité le moindre signe d’espoir.

Quel espoir ?

  • Je crois toujours que nous pouvons vivre ensemble dans le respect de nos différences, malgré ces discours haineux qui me donnent visiblement tort.
  • Je crois que l’Éducation est un droit, et que l’école est censée permettre aux enfants, à tous les enfants, quelle que soit la catégorie socio-professionnelle de leur(s) parent(s), d’apprendre à réfléchir par eux-mêmes. L’École a été sabotée par tous les gouvernements, et ne tient plus que par la bonne volonté d’enseignants à bout de souffle. Pourtant un droit ne saurait être privé, la solution est donc de réinvestir dans l’Éducation.
  • Je crois que la santé est un droit, et que la déstructuration lente de l’hôpital public, qui tue les plus précaires, est un crime.
  • Je crois que le logement décent est un droit.
  • Je crois en la neutralité du Net.
  • Je crois qu’on peut avoir une approche réaliste de l’écologie. On ne peut pas tout résoudre miraculeusement, mais on peut essayer d’y aller pas à pas.
  • Je crois que la croissance est une illusion qui va nous faire exploser comme un ballon de baudruche.
  • Je crois que ça ne me dérangerait pas de payer plus d’impôts si je savais qu’ils étaient utilisés avec bon sens, et que tout le monde paie sa part.
  • Je crois que la pauvreté n’est pas une fatalité, et que notre pays est suffisamment riche pour partager.
  • Je crois qu’en redistribuant les richesses plus équitablement, on n’aurait pas de milliardaires qui démontent des ponts pour faire passer un yacht, mais on serait un peu plus heureux.
  • Je crois que la plupart des journalistes ont perdus le sens des réalités et feraient bien de sortir de leur cercle de bourgeois parisiens initiés pour faire connaissance avec leur public.

Je pourrais probablement égrener cette liste jusqu’à demain matin et finir par croire que les fées existent. Et puis ça nous fatiguerait pour pas grand chose. Mais c’est une bonne façon d’expliquer pourquoi je désespère entre deux bouffées d’optimisme.
Je crois et pourtant je ne crois plus en grand chose. Du coup, j’espère.

Et c’est avec espoir que j’irai mettre un bulletin dans l’urne, en votant Mélenchon, parce qu’au milieu du tumulte c’est l’un des seuls à faire preuve de cohérence, tout en ayant un programme qui semble tenir la route.
J’espère juste : 1, le voir gagner, 2, voir pour une fois un président respecter son programme.

La suite au prochain épisode… ou pas.

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