C’est avec une grande appréhension, une lassitude plus grande encore, et, malgré tout, une toute petit lueur d’espoir que j’aborde cette période électorale. Appréhension, parce que chaque candidat classé dans les favoris aux élections présidentielles me paraît pire et plus nauséabond que les précédents. Lassitude, parce que, depuis que je suis en âge de voter, chaque élection nous fait aller droit dans le mur et mon bulletin de vote n’a pas servi à grand chose jusqu’ici. À rien en fait.
Espoir, parce que je reste d’un naturel optimiste, ne me demandez pas pourquoi : la Terre est sur le point de se débarrasser de nous (pour son plus grand bien, je la comprends), les medias sont muselés par des milliardaires égocentriques, les réseaux sociaux sont remplis de gens aigris, Internet ne sera bientôt plus qu’un vaste supermarché bourré de publicités et de fakes news marketées par des cabinet de comm’ surpayés, où on ne pourra plus rien dire (de gauchiste), et je crois encore qu’on peut changer le monde (la France, ce serait déjà pas mal)… Cherchez l’erreur.
Je suis dans un état mental qui vire chaotiquement du « Cette fois-ci c’est la bonne » à un mélodramatique « Mais où est-ce qu’on a merdé ?! ». Entre les deux il y a du « Ça servira à rien de toute façon » blasé et un Deadpool qui fait un cœur avec les doigts. Que vient-il faire dans les élections ? Rien, il est là pour m’éviter les anti-dépresseurs.
Toutes ces réflexions contradictoires me poussent à la fois à vouloir me déconnecter avant de perdre tous mes fusibles, et de suivre quand même avec avidité le moindre signe d’espoir.
Quel espoir ?
J’ai passé ma vie d’électrice à entendre inlassablement les mêmes mots : « Ne joue pas le jeu du FN ».
Si tu votes untel, tu joues le jeu du FN. Si tu dis telle chose, tu joues le jeu du FN. Si tu éternues, tu joues le jeu du FN.
Tout concourait à appeler au vote utile à chaque élection. Et, si vous remarquez bien, les grands partis en ont été ravis, car grands gagnants. Nous ne comptons plus les fois où ils en ont joué.
Les lois des grands partis ont été bouleversées car Jean-Marie Lepen est arrivé au second tour. Je dus, comme beaucoup, voter Chirac « pour ne pas jouer le jeu du FN ». Croyez bien que ce n’est pas par gaieté de coeur. Et croyez bien qu’il n’a pas remercié les gauchistes d’avoir voté pour lui.
Depuis, le racisme s’est décomplexé, le FN a pris quelques leçons de marketing pour redorer un blason construit par la haine à grand renfort de (dé)coloration pour cheveux. Et depuis, les grands partis se sont enfermés dans l’immobilisme pantouflard douillet qui leur permettait de s’engraisser sur notre dos pour peu qu’ils nous répètent assez souvent de ne pas jouer le jeu du FN.
2012, l’ « ennemi de la finance » a été élu avec l’espoir qu’enfin nous allions sortir de l’immobilisme. J’avoue que j’avais voté utile en élisant Hollande. J’avais lorgné son programme du bout des yeux en sachant qu’il ne tarderait pas à trahir ses promesses. J’ai été servie à grands coups de 49.3, comme vous tous.
Cette année, j’ai eu un choix à faire : voter utile en votant Mélenchon (ce n’est pas le programme dont je me sens la plus proche, mais il était bien placé pour passer au second tour), voter pour mes convictions en votant Hamon (avec le risque qu’il prenne la même voie que Flanby, cela va sans dire, mais je me sentais plus proche du programme, cette fois).
Et cette année, les Français ont décidé de nous poser le pire chantage au terme de la pire des campagnes électorales : soit nous élisons un banquier d’affaire ultralibéral qui a été l’instigateur de la loi Travail, dont personne n’a voulu (même pas le MEDEF qui la trouvait trop molle) ; soit nous « jouons le jeu du FN ». CQFD. La boucle est bouclée. Dégagez, y a rien à voir.
Les marchés financiers sont à la fête, les antifas frémissent dans leur chaumière, et la gauchiste que je suis est en train d’avaler sa carte d’électrice.
Je ne veux pas jouer le jeu du FN, pas plus que...
]]>Avant de commencer, je tiens à dire que ce billet n’a été sponsorisé en aucune façon 1. Le Monde Diplomatique fait partie de mes lectures plus ou moins régulières depuis de nombreuses années, entre autres parce qu’il ne fait pas dans le sensationnel, ni le fait divers. J’apprécie l’effort d’analyse des intervenants de ce journal et prends plaisir à le lire durant mes longs trajets en train.
Il m’a donc paru logique d’acheter ce manuel pour m’aider à comprendre les enjeux économiques et politiques actuels, n’étant pas très familière avec les « sciences » économiques.
Car il s’agit bien d’un manuel de « vulgarisation », se proposant d’expliquer les règles de l’échiquier mondial actuel.
D’abord, la forme. S’il paraît un peu épais, les nombreuses illustrations en font un manuel lisible et digeste. Le plan est clair, avec l’ambition de couvrir l’ensemble des domaines de l’économie. Chaque partie contient des articles, relativement courts, qui représentent chacun 5 à 10 minutes de lecture environ, avec une thématique particulière abordée dans chacun d’entre eux. Comme sur le journal, vous avez accès à une liste de sources si vous souhaitez aller plus loin.
En gros, c’est un manuel, et sur ce point, la forme est assez fidèle aux normes du genre.
Maintenant, le fond. On y apprend beaucoup de choses sur les aspects du libéralisme, les rouages du marché et les rapports entre économie et gouvernements. Si l’idéologie dominante, qui est la seule à laquelle nous avons accès dans les médias, nous présente la croissance et le libéralisme comme seule alternative, ce manuel nous présente d’autres courants de pensées, d’autres expériences, en nous exposant les impacts des choix économiques sur l’environnement, l’emploi, la vie quotidienne telle que nous la connaissons ou telle que d’autres pays du monde la conçoivent.
Il ne s’agit pas de faire la leçon aux économistes libéraux, mais bien d’effectuer un état des lieux en proposant des alternatives à un système en faillite, sans propagande ni parti pris. C’est un support de réflexion intéressant pour qui veut comprendre les enjeux actuels, surtout avec l’échéance électorale qui se profile.
Collectif
Disponible en kiosques le 8 septembre 2016
et n'est pas un appel du pied non plus pour qu'il le soit. Mes avis sont bénévoles et m'appartiennent (en Creative Common) ↩
Hier, M. Macron a «joué avec les nerfs» du monde politique en déclarant sa candidature aux prochaines Présidentielles. Comme s'il s'agissait d'une surprise. Comme si l'effet d'annonce avait produit son petit cataclysme dans la stratosphère politico-médiatique. Comme si.
Ok, faisons comme si. Faisons comme si je savais quoi en penser. Faisons comme si lui-même avait la moindre idée du chemin qu'il souhaite prendre.
S'il est clair qu'il y a du travail pour réinstaurer une justice sociale et réformer un système moribond mené par une classe politique indigne de confiance, il est très difficile d'avoir foi en quelqu'un qui est tout droit issu dudit système. Ce même système politico-politique où chacun pense en terme de mandat, échéance électorale, clientélisme, et qui accumule, au gré des sondages, les idées préfabriquées aussi insensées que perverties par l'usage excessif de la langue de bois.
Car de langue de bois il semble être question encore une fois, en tout cas pour le moment. Je tiens à préciser qu'il s'agit d'un point de vue purement subjectif . Tout ce que je perçois, malgré mes nombreuses lectures sur le sujet, ce sont les contours imprécis d'une ébauche de programme qui n'en est pas encore un, parce que ses idées sont lancées comme des sondages d'opinion, des formules marketing et formatées pour ratisser large et voir venir.
Puisque le dessin de l'avenir semble plutôt imprécis, en dehors de cette ambition à laquelle il est d'autant plus difficile d'adhérer qu'on ne sait quelle direction elle souhaite prendre, prenons quelques secondes celui du passé.
La loi Macron était déjà un fourre-tout plus ou moins heureux, plus ou moins libéral. En fait, non, plus libéral que moins. Elle ne nous apprendra donc pas grand chose, elle non plus. Si ce n'est qu'elle n'inspire pas plus confiance qu'autre chose.
Qu'il va être difficile de voter encore une fois. Car encore une fois je ne voterai pas "pour" des idées, pour un projet concret et commun que je tiens à défendre. Encore cette fois il semble bien que mon bulletin de vote sera destiné à voter contre la haine, en choisissant celui ou celle qui incarnera la moins pire des alternatives. J'espère avec ferveur que les prochains mois me donneront tort.
]]>Il est des matins où on parcourt son bon vieux flux RSS à l'écoute de l'actualité, et on évite soigneusement les titres racoleurs. Vous savez, ces titres qui parlent pour ne rien dire et qui sont conçus pour qu'on clique dessus : « il ne savait pas ce qui allait se passer... » , « elle n'imaginait pas sa réaction », etc. etc.
Mais les journaux de mon flux RSS utilisent très rarement ce genre de ressorts tordus. Alors, quand j'ai vu ce titre, « La chose que font toutes les femmes et que vous ignorez », j'ai pensé que j'allais encore tomber sur un amas de clichés sexistes à la c*n...". Mais mon flux RSS compile rarement ce genre de clichés, l'avantage d'un lecteur de flux étant qu'on choisit de s'abonner à un journal. Alors j'ai cliqué.
Et vous aussi, vous allez cliquer, chèr(e) lecteur/trice. Car il ne m'a pas fallu très longtemps pour me rendre compte que, non seulement ce n'est pas un amas de clichés sexistes à la con, mais qu'au contraire, nous sommes très nombreuses à vivre chaque jour ce que l'autrice décrit. En plus il est bien écrit (et traduit), vous n'y perdrez donc pas votre temps.
Et après avoir partagé l'article auprès de mes amies, nous sommes toutes plus ou moins concernées, et nous nous sommes rendues compte que rares sont les fois où nous partageons ces expériences désagréables avec notre entourage.
Mais nous avons toutes connues au moins une fois le regard lubrique d'un homme qui clairement nous regardait comme un potentiel casse-croûte. Et quelquefois à un age où nous ne sommes pas légalement en état de donner un consentement 1. Il a suffi de commencer à porter un soutien-gorge pour la plupart d'entre nous. Et vu la taille du mien, j'ai longtemps porté des vêtements larges pour compenser et, si possible, passer inaperçue.
J'entends déjà les rageux dire « Râle pas, c'est flatteur ». Mais qu'est-ce qu'il y a de flatteur dans le fait de se retrouver en face de quelqu'un qui vous prend pour un bout de viande ? Si ce n'est pas moi, ce serait une autre, car il n'y a rien de plus remplaçable qu'un casse-croûte potentiel. Je ne veux pas être un casse-croûte. Et comme toutes mes consoeurs, je ne suis pas un buffet à volonté.
Ce n'est pas flatteur, c'est effrayant. C'est effrayant de changer de place dans le métro parce qu'un homme qui trouve qu'une jupe-culotte large et qui tombe jusqu'aux chevilles, c'est sexy ; et qu'il profite d'être assis sur la strapontin d'à côté pour passer une main « discrète » le long de la cuisse. On rage parfois de ne pas lui avoir retourné le poignet pour lui apprendre, mais on ne fait rien, on change de place. Beaucoup trop risqué de faire quoi que ce soit d'autre.
C'est effrayant de s'entendre dire « non, c'est gentil merci » alors qu'on aimerait dire « je ne suis pas intéressée ». C'est également effrayant de s'entendre dire qu'on ne vit pas seule, et effrayant lorsque préciser qu'on...
Tu devrais prendre soin de toi. Tu … [ajouter la goutte d’eau qui fait déborder le vase la plus courante : » as l’air fatiguée », « tu serais tellement jolie si… », « regarde-toi, tu ressembles à »… etc. ]
Au chapitre des réflexions désobligeantes récurrentes, cette curieuse habitude de reprocher à une femme "de ne pas prendre soin d'elle" lorsqu'elle a juste renoncé à investir dans le maquillage ou dans un uniforme de fashion victim, voire quelquefois lorsqu'elle a pris quelques kilos, fait perdurer cette idée qu'une femme doit toujours s'attacher à sa propre apparence pour "prendre soin d'elle".
Nul ne fera ce reproche à un homme, ou rarement, car un homme qui prend soin de lui est, dans l'inconscient collectif, un homme qui s'est lavé... Ou fait du sport régulièrement. Comme si l'hygiène n'était obligatoire que pour les femmes, alors que nous sommes souvent gré aux individus, hommes ou femmes, qui ont pris leur douche, en particulier dans les transports en commun.
Chez les femmes, la nécessité idéologique de paraître, et d'être la plus belle possible, est tellement bien ancrée et tellement bien martelée par des générations de marketeurs et publicistes tou(te)s plus sexistes les uns que les autres, eux/elles-mêmes élevés aux manuels "de la parfaite ménagère de moins de 50 ans", que ce sont souvent des femmes qui adressent ce genre de coup de poignard déguisé en bon conseil de la catégorie "mais c'est pour ton bien".
Pourtant, une femme qui fait l'impasse sur un ravalement de façade quotidien peut avoir trouvé d'autres moyen de prendre soin d'elle : le sport, la lecture, les activités intellectuellement stimulantes et satisfaisantes, etc. Car après tout, prendre du temps pour soi sur une chaise longue avec un bon bouquin et un verre de vin (ou de jus de fruit), c'est également prendre soin de soi. Et c'est de plus en plus rare lorsque les enfants font leur apparition. Le temps pour soi est finalement plus important que ce qu'on est censé en faire
Et prendre du tems pour soi, c'est prendre soin de soi, qu'on décide de le passer en séances de torture chez l'esthéticienne, ou en visites de musée. À titre personnel, la dernière fois que j'ai eu droit à ce type de remarque, j'ai répondu : "mais je prends soin de moi, je me suis acheté deux bouquins cette semaine."
La suite au prochain épisode...
]]>Votre Papeauté, M. LE Pape,
Veuillez excuser mon manquement probable au protocole, que vous pardonnerez d'autant plus que (rayez les mentions inutiles) :
a- Vous me pardonnez car je ne sais pas ce que je fais (cf. Luc 23,34)
b- Vous ne lirez probablement pas un mot des lignes qui vont suivre (ou en comprendrez peu de choses ; étant peu familière avec votre langue maternelle je prends la liberté de m'exprimer dans la mienne).
Après lecture d' un article ÉDIFIANT au terme duquel vous semblez attaquer nos manuels scolaires, je me dois de vous adresser ce billet avec une certaine amertume. En effet, c'est lisant que ces dits manuels attaquaient la famille et le mariage en promouvant la grande méchante "Théorie du genre", que je me suis vue, non dans le devoir 1, mais dans l'ego-nécessité de répondre à pareille énormité (sauf votre respect, bien sûr).
La question essentielle ici est de savoir en quoi élever ses enfants en leur apprenant qu'ils pourront choisir leur voie et leur vie menacerait la famille. De nos jours, mourir sous les coups de son conjoint détruit plus de familles que d'apprendre à des enfants que les hommes et les femmes ont les mêmes droits, la même intelligence, la même bêtise aussi. Et que cette bêtise ne dépend, ni de la foi qu'ils défendent, ni de la couleur de leur peau, ni de leurs caractéristiques génétiques2.
Apprendre à une femme qu'elle pourra devenir astronaute si elle choisit le bon cursus n'en fera pas une mauvaise mère, ni une lesbienne en puissance 3.
De même qu'un homme qui cuisine et travaille à mi-temps ne fera pas grossir le pourcentage d'adultes transgenres.
Certains prendront la liberté de ne pas fonder de famille, ce qui, alors que nous sommes pas loin de 9 milliards d'individus sur cette planète, fera certes quelques catholiques de moins, mais épuisera moins de ressources.
À aucun moment, dans la fameuse théorie du genre, qui n'existe pas plus que... Le Père Noël ? 4
À aucun moment, donc, dis-je, il n'est question de détruire le mariage. D'ailleurs, vous remarquerez que nous l'avons civilement ouvert à tous.
Mais si la théorie du genre consiste à promouvoir l'égalité entre tou·te·s les citoyen·ne·s, quel que soit leur sexe, genre, ethnie, nationalité, ou religion, alors c'est une théorie qui pourrait bien nous mener à une paix universelle que vous, c'est probable, et moi-même, c'est indéniable, chérissons.
Car au final, que défendez-vous ? Comment se fait-il qu'il soit plus important pour vous de sauver « une certaine idée de la famille », qui ne correspond plus à grand chose dans la réalité, plutôt que d'en protéger les membres ? Comment peut-on encore éprouver de la Miséricorde et ouvrir les portes du Paradis à ces prêtres, qui se disent catholiques, et détruisent l'enfance et l'innocence d'enfants qui leur ont fait confiance ? Comment peut-on reprocher à une mère d'avoir protégé son enfant et en justifier l'excommunication, parce qu'au final, à vos yeux, un viol est moins grave...
]]>Ces petits exemples ne sont pas là pour donner de leçon à qui que ce soit, ni pour dénoncer, ni pour juger, même si le but plus ou moins avoué de cette série est quand même d'allumer un neurone ou deux sous la carlingue de certains.
Se rendre compte des tics de langage, habitudes des un(e)s et des autres peut finalement être un bon point de départ pour une vision plus globale et plus contrastée.
C'est pourquoi cette série est faite, et nous espérons que vous pourrez me l'enrichir de vos propres expériences :)
Commençons par un exemple :
Cette curieuse coutume est particulièrement douloureuse pour les joues quand on arrive bonne dernière dans une soirée de 20 à 30 personnes à qui il serait, paraît-il, bien vu de faire la bise. Elle peut paraître assez cocasse lorsque deux hommes d'une même famille, des frères par exemple, se serrent la main. Mais cette pratique est bien ancrée et rarement remise en cause, du moins en France.
Pourtant, le caractère sexiste d'une telle pratique est évident, mais sa généralisation massive en fait une habitude difficile à chasser, car souvent apprise dès l'enfance, en famille.
Un comportement non sexiste consisterait à faire la bise tout le monde, ou à personne, le contact physique n'étant pas nécessaire pour saluer quelqu'un. L'autre solution étant de garder la bise pour les proches et la main pour les autres, sans autre distinction que celle de la proximité. Ou d'inventer un moyen inédit et compréhensible pour se saluer... dire "Bonjour" avec le sourire, par exemple.
La suite au prochain épisode...
]]>Sir,
I will miss your vision of life and your humour.
It was a real pleasure to meet your Multiverse and your characters.
Please greet Death for me.
Best regards,